Lisez cet article si vous avez du mal à pardonner


Je connais chaque proverbe, chaque conseil, chaque lieu commun autour de ce sujet, car j’ai essayé de trouver des réponses dans une multitude de livres. J’ai lu toutes les publications des blogs dédiés à l’art de se libérer de sa colère. J’ai noté plusieurs citations de Bouddha, je les ai apprises par coeur, et aucune n’a fonctionné pour moi. Je sais que le chemin à parcourir entre «décider de pardonner» et ressentir une véritable paix intérieure peut être long. Je le sais.

Le pardon est une jungle impénétrable pour ceux qui sont en quête de justice. La simple idée que quelqu’un puisse s’en sortir impunément après avoir fait du mal est douloureuse. Qu’importe si on se salit les mains, la souffrance sur le visage de ceux qui nous ont offensés nous satisfait bien plus. On veut être quittes. On veut qu’ils sentent à leur tour ce que nous avons ressenti.

Pardonner à quelqu’un, c’est comme se trahir soi-même. Vous ne voulez pas déposer les armes dans cette bataille pour la justice. La rage brûle en vous et elle vous empoisonne avec votre propre poison. Vous le savez, mais vous ne pouvez pas laisser tomber. La colère devient une partie de vous, que ce soit votre coeur, votre cerveau ou vos poumons. Je connais cette sensation. Je sais ce que vous ressentez quand la colère pulse dans votre sang au rythme de votre coeur.

Lisez cet article si vous avez du mal à pardonner

Pourtant, vous devez vous souvenir d’une chose sur la colère : c’est une émotion qui nous instrumentalise. On s’énerve parce qu’on veut la justice. Parce qu’on pense qu’elle nous ferait du bien. Parce qu’on croit que plus on est énervé, plus on va pouvoir changer les choses. La colère ne comprend pas que le passé est le passé et que le mal est fait. Elle cherche à vous convaincre que la vengeance pourra tout réparer.

Être en colère c’est comme gratter une plaie qui saigne, en s’imaginant que de cette façon, on va éviter l’apparition d’une cicatrice. Comme si la personne qui t’a fait du mal arrivait à suturer la plaie avec une telle précision qu’elle ne laisserait aucune marque. La vérité sur la colère est la suivante : vous refusez le remède pour vous soigner. Vous avez peur de devoir vivre avec une nouvelle peau lorsque la plaie se sera refermée. Et vous voulez retrouver celle d’avant. Et c’est là que la colère vous dicte de ne pas stopper l’hémorragie.

Lorsque tout bouillonne en vous, le pardon est impossible. Vous aimerez pardonner car votre esprit se rend compte que cette option serait saine. Vous voulez atteindre la paix qu’offre le pardon. Vous voulez vous libérer. Vous voulez mettre fin à ce tourment intérieur mais vous ne pouvez rien faire par vous-même.

Parce qu’on ne vous a jamais dit la vérité la plus importante sur le pardon : il ne change rien, il ne répare pas. Ce n’est pas une gomme qui pourrait effacer tout ce qui s’est passé. Il ne va pas annuler la douleur qui vous habite, ni vous procurer un état de paix instantané. Trouver la paix intérieure est un long chemin. Et le pardon vous permet seulement d’éviter la «déshydratation» sur ce chemin.

Le pardon signifie ne plus espérer le retour d’un certain passé. Autrement dit, comprendre que tout s’est déjà passé, que la poussière est déjà retombée, et que ce qui a été détruit ne reprendra plus sa forme originelle. C’est accepter qu’aucune espèce de magie ne peut réparer les dégâts. Oui, l’ouragan est totalement injuste, mais vous devez continuer à vivre dans votre ville en ruines. Votre rage ne pourra la reconstruire, Vous devrez le faire vous-même.

Pardonner signifie accepter votre responsabilité personnelle, pas par la destruction, mais par la reconstruction. C’est la décision que vous devez prendre pour retrouver la sérénité.

Le pardon ne diminue pas la culpabilité de vos agresseurs. Il ne signifie pas que vous devez être leur ami ou sympathiser avec eux. Accepte simplement qu’ils vous aient laissé une marque et que désormais vous devez vivre avec. Il faut cesser d’espérer que la personne qui vous a fait du mal fasse en sorte que tout redevienne «comme avant». Le pardon est la décision de commencer à soigner ses plaies sans se préoccuper qu’elles laissent ou non des cicatrices. C’est l’acceptation de vivre avec vos cicatrices.

Le pardon, c’est le triomphe de l’injustice. Il s’agit de créer votre propre justice, votre propre karma et votre propre destin. Il s’agit de se lever de nouveau avec la détermination de ne plus se sentir malheureux à cause du passé. Le pardon, c’est décider que vos cicatrices ne vont pas dicter votre futur.

Le pardon ne signifie pas que vous vous rendez. Il signifie que vous êtes prêt à rassembler vos forces et aller de l’avant.